En intervenant en pression sur des points précis du corps, les mêmes points qu’utilisés en acupuncture, le masseur envoie un message qui active et régénère les équilibres physiologiques et les organes. Dans ce cas, le massage relève tout autant de l’activation d’une mémoire primaire du corps, associée aux méridiens énergétiques, que d’une action mécanique sur les tissus qui les encapsulent.
Le concept de méridien énergétique constitue un fondamental des techniques d’acupuncture issues de la médecine traditionnelle chinoise. Ils sont également présents dans des techniques d’acupression, tel le shiatsu. Ils se traduisent par un enchaînement de points qui dessinent des parcours sur le corps. Bien qu’ils soient abordés point par point, par piqûre en acupuncture ou pression en shiatsu, ces parcours sont également caractérisés par le sens selon lequel un flux circule d’un point à un autre. Ainsi, par exemple, le méridien des reins, composé de 27 points, « part » de dessous le pied pour « arriver » sur la poitrine, selon un flux ascendant.
Les méridiens, et les techniques qui en résultent, ont suffisamment fait la démonstration de leur pertinence pour que la science moderne s’intéresse à vérifier leur réalité physiologique et à en caractériser la nature. La première approche a consisté à rechercher des similitudes entre le parcours des méridiens et les différents systèmes, circulatoire, lymphatique, nerveux ou musculaire, qui nous sont familiers. Cette lecture n’ayant dégagée que des similitudes partielles, les chercheurs ont poussé plus loin l’exercice en injectant un traceur radioactif dans les points d’acupuncture. Ils ont ainsi pu observer la migration naturelle de ce traceur entre un point d’acupuncture et un autre (ce qui n’était pas le cas des injections faites en d’autres points du corps), en superposition avec les méridiens tels que décrits par la médecine chinoise. Ces trajets ne correspondent ni à des vaisseaux sanguins, ni à des vaisseaux lymphatiques. Ils ont ainsi mis en évidence un « système primo-vasculaire » distinct, correspondant vraisemblablement à l’organisation du tissu conjonctif à l’échelle du corps dans son entier. Ce système se traduirait par un mix de flux énergétiques et physiologiques dont la perturbation, ou l’équilibre, agirait sur la santé globale.
Par leurs piqûres et pressions sur les différents points des méridiens énergétiques, l’acupuncteur et le masseur shiatsu œuvrent avec intension et précision à débloquer et harmoniser des flux perturbés. Les autres techniques de massage, quant à elles, peuvent s’approprier la science des méridiens énergétiques et les intégrer soit pour donner une cohérence à certains gestes, soit pour travailler en pression quelques points repérés. Dans tous les cas, intentionnels ou non, il est certain que le massage interfère avec les méridiens énergétiques et contribue ainsi à réactiver un système, certainement le tout premier système, essentiel au bon fonctionnement du corps humain.