Faut-il masser les points sensibles ?

Aie ! ça fait mal quand le masseur appuie… Oui, mais avouez que cela fait aussi du bien. Quel est donc ce mystère ? Que sont ces points de pression qui libèrent une douleur exquise et sur lesquels s’arrêtent les mains du masseur ? En fait, ils sont de deux natures très différentes. Les uns sont des points anatomiques permanents et qui existent sur le corps humain indépendamment de toute pathologie. Nous les appellerons « points d’acupression ». Les autres sont des zones où s’exprime une douleur conjoncturelle, manifestation ou effet secondaire d’une pathologie. Ils sont dénommés « points gâchettes ». Parfois, points d’acupression et points gâchettes se superposent et se confondent.

Les points d’acupression.

La connaissance des points d’acupression du corps humain prend son origine dans les massages orientaux traditionnels : les marmas de la médecine ayurvédique, les points du massage thaï ou les points d’acupuncture de la médecine traditionnelle chinoise. En occident, il faut attendre la fin du 19ème siècle et des travaux tels ceux du français Gëorgia Knap pour que la médecine naturelle s’approprie l’acupression. Depuis, la science de l’acupression a été transposée, à des degrés divers, dans toutes les pratiques de massage. Son art le plus poussé est certainement le shiatsu.

Les points d’acupression correspondent à des zones repérées et permanentes de l’anatomie humaine : il s’agit de points d’insertion musculaire, de concentration ou croisement des réseaux sanguin, lymphatique ou nerveux, ou de points situés sur les méridiens énergétiques. Dans certains cas, il peut s’agir de zones de faille musculaire qui offrent un accès pour le massage des organes internes. Les masseurs connaissent les points d’acupression associés à leur domaine de spécialisation. Ils les travaillent le plus souvent en pression du pouce (ou du pouce aidé par un ou plusieurs autres doigts).

Comme les points d’acupression sont des zones physiologiques complexes leur massage peut être tout autant préventif que curatif. Le massage préventif réitéré entretient les différents réseaux et systèmes concernés. Il évite que ceux-ci ne s’obstruent, se congestionnent ou se nouent. Il envoie au corps un message positif lui rappelant combien le bon fonctionnement de ces systèmes est essentiel pour lui. Le massage curatif insiste sur les points d’acupression qui sont associés aux difficultés rencontrées par la personne. L’intension du masseur est alors de détendre, libérer, décongestionner, de sorte à rétablir une fonction physiologique perturbée.

Lorsqu’ils sont sains, les points d’acupression ne sont pas nécessairement sensibles. D’autres, tels les points d’acupuncture, associés aux méridiens énergétiques ne sont pas associés à des messagers de la douleur et ne s’expriment pas de la sorte.

 

Les points gâchettes.

Les points gâchettes, non permanents, apparaissent lorsque se fait jour une contracture du muscle ou une congestion des fascias. Ces zones sensibles se traduisent par des nodules, plus ou moins durs et importants, présents non pas dans des points d’acupression identifiés, mais au hasard de la longueur des fibres musculaires et des entrelacs de fascias. Il s’ensuit un appauvrissement de l’apport en oxygène dans la zone et une accumulation de déchets métaboliques dus à la réduction de la circulation sanguine. Progressivement, le muscle se raccourcit et se maintient en position tendue. Il lui est impossible de se relâcher complètement. Un tel muscle va alors exercer une tension anormale sur les tendons, les os et les articulations. D’autres muscles vont devoir compenser ce déséquilibre et l’on va assister à l’apparition de nouveaux symptômes… Le masseur intervient alors en pression (mais aussi en malaxage et étirement) sur les points gâchettes afin d’envoyer un message mécanique contribuant à dénouer ou détendre la zone. D’où leur nom de points gâchettes : comme sur une arme, il faut appuyer dessus pour déclencher la détente.

Les points gâchettes concernent des systèmes, muscles ou fascias, largement pourvus en terminaisons nerveuses. Ils sont donc très sensibles, voire douloureux sous la pression du masseur. Mais curieusement, le corps sait que cette douleur est un prélude au soulagement. Il ne la perçoit donc pas comme une agression. Ce sont certainement les points gâchettes qui relèvent le plus de l’appellation « douleur exquise » utilisée par les masseurs.

 

Point d’acupression ou point gâchette, dans le deux cas l’intervention du masseur, essentiellement mécanique, exprime la volonté d’aller au-delà d’un massage de confort afin d’apporter une contribution de santé globale, préventive comme curative.

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